L’islamophobie a grandi avec la haine des médias

9:01 - June 09, 2021
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Téhéran(IQNA)-En général, les médias canadiens utilisent souvent des descriptions injustes, extrémistes, sectaires, inégales et finalement anti-islamiques au sujet des musulmans. Les stéréotypes sur les musulmans, arabes et moyen-orientaux couramment utilisés dans les médias canadiens, comprennent les accusations de terrorisme, de sauvagerie ou de participation à la 5ème colonne.

L’islamophobie croissante et les crimes de haine au Canada, ont soulevé des inquiétudes. Le dernier en date a eu lieu lundi, dans la ville de London à environ 200 km au sud-ouest de Toronto dans la province de l'Ontario, où selon la police, un conducteur a intentionnellement renversé une famille musulmane, tuant quatre personnes et blessant un garçon de 9 ans. Selon les médias canadiens, les victimes, tous membres de la même famille, ont été agressées par le conducteur alors qu'elles attendaient de traverser la rue. Un suspect de 20 ans nommé Nathaniel Veltman, a été arrêté pour meurtre et tentative de meurtre, a annoncé la police locale dans un communiqué.

Bien que les premiers cas d'islamophobie aient été enregistrés au Canada, au début du XXe siècle, au XXIe siècle, après les attentats terroristes du 11 septembre, l'afflux d'immigrants venant des pays islamiques au Canada, et la guerre en Syrie, l'islamophobie a augmenté rapidement au Canada.

Selon les statistiques canadiennes, le nombre des crimes de haine signalés à la police par des musulmans canadiens, a plus que triplé entre 2012 et 2015, tandis que l'ensemble des crimes a diminué au cours de la même période. En 2015, la police a signalé 159 crimes haineux ciblant les musulmans, contre 45 en 2012, soit avec une hausse de 253%.

L'islamophobie se manifeste par la destruction de mosquées, des agressions physiques et verbales contre les musulmans notamment contre les femmes musulmanes portant l’hijab ou le niqab. En janvier 2017, six musulmans ont été tués dans une fusillade dans une mosquée de Québec. En mai 2016, un étudiant iranien de l'Université Western, a été agressé physiquement et a subi une commotion cérébrale. Les sikhs, les juifs et les chrétiens du Moyen-Orient ne sont pas à l'abri de ces persécutions, et en raison de leur apparence similaire, les sikhs ont également subi des attaques islamophobes.

Le rôle des gouvernements locaux canadiens ne doit pas être négligé. L'adoption d'une loi interdisant l’hijab et les symboles religieux dans les bureaux du gouvernement, pour les employées, par l'Assemblée locale du Québec cette année, promeut ostensiblement une vision laïque mais aussi antimusulmane, et est un des facteurs qui ont alimenté l'islamophobie dans la société canadienne.

L’attitude des Canadiens a changé au cours des 10 dernières années en raison de la propagande négative contre les musulmans sur les médias sociaux et les réseaux. Un sondage réalisé en 2007, dans 23 pays occidentaux, avait révélé que les Canadiens coexistaient mieux avec les musulmans que les habitants des autres pays, et seulement 6,5 % des Canadiens avaient dit qu'ils n'aimaient pas vivre dans un quartier musulman alors qu’un nouveau sondage de l’institut Angus Reid en 2015, a révélé que 44% des Canadiens détestaient les musulmans.

L'Association des études canadiennes note qu'à mesure que l'opinion publique sur les musulmans se détériore, les opinions sur des groupes comme les groupes asiatiques se détériorent également.

Les statistiques montrent que l'islamophobie s’est répandue surtout au Québec. Un sondage d’Angus Reid de 2009, a révélé qu'un pourcentage important des répondants québécois avaient une vision négative de l'islam. Ce chiffre a légèrement augmenté en 2013 pour atteindre les 69 %. Cependant, le même sondage a révélé que la hausse des attitudes islamophobes dans le reste du Canada, était plus importante qu'au Québec, passant de 46 % en 2009 à 54 % en 2013.

En juillet 2016, un sondage de MARU / VCR & C a révélé que seulement un tiers des habitants de l’Ontario avait une vision positive de l'islam, et plus de la moitié ont affirmé que l’islam encourageait la violence.

Les trois quarts ont déclaré que les immigrants musulmans avaient des valeurs fondamentalement différentes. Le sondage a été réalisé après l'arrivée de près de 12000 réfugiés syriens en Ontario, au cours de la première moitié de l’année 2016. L'enquête a également révélé que l'opposition à l'entrée des réfugiés syriens est plus élevée parmi ceux qui ont une vision négative de l'islam.

Les médias canadiens ont été critiqués pour leur rôle dans la promotion de l'islamophobie. Karim H. Karim, professeur de journalisme, affirme qu'au lendemain du 11 septembre, la « menace de l'islam » a remplacé la « menace soviétique » pendant les années de la guerre froide, au Canada.

Ce qui est arrivé aux musulmans au Canada, comme en Occident, montre que l'islamophobie s’est répandue dans les médias et dans certains cas, avec le concours des gouvernements et avec par exemple, l'interdiction de l’hijab. Elle s’est enracinée dans le pays et exige un effort public et collectif de la part des musulmans et des non-musulmans. Un effort très difficile pour le peuple et le gouvernement du Canada, compte tenu de la situation actuelle et de la façon dont les médias la présentent.

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