France : montée de l’islamophobie politique et sociale

12:54 - November 26, 2023
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PARIS(IQNA)-Bien avant le début du carnage sioniste dans la bande de Ghaza, les musulmans de France étaient une cible médiatique et politique privilégiée. A chaque fait divers ou encore une simple déclaration où sont mêlés des musulmans, les plateaux de télé et les réseaux sociaux, selon des formes bien organisés, s’en prennent à cœur joie pour dénigrer, dénoncer et interpeller leurs pouvoirs locaux.

Les observateurs ont tout de suite su que dans cet acharnement médiatique et politique, ce n’est pas de la xénophobie traditionnelle mais bel et bien de l’islamophobie raciste. Ces médias s’attaquent uniquement à des populations immigrées d’origine bien précise, et selon leur croyance religieuse et leur culture. Le discours anti-musulman a glissé vers des pentes très dangereuses, menaçant directement la paix sociale et les équilibres fragiles existants dans la France populaire.

Ce discours a pris une tournure encore plus grave ces derniers temps depuis l’agression sioniste contre les Palestiniens. Les médias français ont complètement abandonné leur « objectivité » journalistique, se rangeant d’une manière éhontée derrière les affabulations et les mensonges du Premier ministre de l’entité sioniste. Ils se sont mis à défendre ouvertement Israël, qualifiée de victime d’agression d’un groupe terroriste. Et c’est ainsi qu’une alliance non déclarée s’est mise en place entre des idéologues de l’extrême droite et des militants et défenseurs du sionisme mondial.

Aujourd’hui, ce glissement est devenu plus clair : on s’attaque directement aux musulmans et non plus à des islamistes radicaux. Le parallèle entre Islam et Daâch ou El-Qaida a disparu. La guerre à Ghaza a mis à nu ce dérapage médiatique et risque même de faire tomber un rideau de fer entre les communautés vivant en France, l’un des pays qui compte l’une des plus grandes communautés musulmanes en Europe.

Inutile d’évoquer, dans les circonstances barbares de l’escalade israélienne au Proche-Orient, le soutien officiel et inconditionnel de l’Elysée. Un engagement pourtant critiqué par l’opposition, qui y voit un parti pris outrageant et inhumain. C’est cet engagement qui a davantage favorisé ce sentiment de haine et de mépris et a encouragé les médias mainstream à développer la propagande antimusulmane et se lancer dans des croisades du troisième millénaire.

Ce sont, dès lors, des guerres ouvertes contre les musulmans. On ouvre des procès, on accuse, on criminalise et on procède à des jugements expéditifs. Comme si les musulmans sont la source de l’antisémitisme en France et que leur religion est à l’origine de la crise. Et dans ces glissements outranciers, plus personne ne parle de diffamation, de racisme ou d’incitation à la haine.

Rappelons le fameux tweet de Karim Benzema qui s’est solidarisé avec les civils martyrisés à Ghaza, et qui avait déclenché un tollé incroyable chez certaines personnalités politiques françaises qui ont appelé à le destituer de sa nationalité ou à lui retirer son Ballon d’or. Il a même été accusé d’être un militant terroriste et de faire partie de l’Internationale des Frères musulmans. Le cas de l’international algérien Youcef Atal est aussi fort significatif.

L’islamophobie s’est banalisée dangereusement en France, poussant le recteur de la Grande Mosquée de Paris à réagir et à dénoncer ces actes et ce discours antimusulman.

Lors de son entretien avec le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, le recteur Chems-eddine Hafiz a averti contre l’hostilité envers les musulmans et les pressions médiatiques et sociales exercées sur eux.

« La Grande Mosquée de Paris a le devoir de s’inquiéter, en particulier des faits répréhensibles commis à l’encontre de nos concitoyens de confession musulmane. Ces derniers jours, comme ces derniers mois hélas, j’ai le regret de constater une évolution dangereuse et pernicieuse qui conduit les musulmans de France à devenir les cibles de propos absolument inadmissibles. Nous ne pouvons rester insensibles et passifs face à la libération et à la banalisation d’une parole essentialiste, stigmatisante, raciste et haineuse contre nos concitoyens musulmans », a-t-il affirmé.

Avant cela, M. Hafiz avait multiplié les sorties afin de tenter d’apaiser les tensions, de calmer les esprits et surtout d’éclairer l’opinion publique en France autour de l’Islam et des musulmans. Récemment, le recteur de la Grande mosquée de Paris a réitéré, dans un entretien au journal le Parisien, publié jeudi dernier, ses messages de paix, affirmant sans ambages que République et Islam sont parfaitement compatibles. « L’islam n’est pas incompatible avec la République », a-t-il dit, en réponse au polémiste sioniste Eric Zemmour qui a dit le contraire dans une tribune publiée dans un journal d’extrême-droite.

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