Une augmentation alarmante de l'islamophobie en Europe en 2023
Durant cette période, 828 cas d’incidents antimusulmans ont été signalés à cette organisation, contre 527 l’année précédente. Ces chiffres, qui concernent exclusivement les signalements d’actes effectivement établis comme islamophobes par le service juridique du CCIE, n’incluent pas toutes les requêtes, explique-t-on.
«En 2023, 1 303 personnes ont contacté le CCIE, contre 787 en 2022. Ces demandes ont été formulées pour des raisons diverses, parmi lesquelles des demandes d’information, des témoignages et des contacts», précise le CCIE, selon lequel «la grande majorité des signalements concernent des cas qui se déroulent en France» et comprennent des actes de différentes natures : discrimination, provocation et incitation à la haine, dégradations ou profanations, injures, harcèlement moral, diffamation et agressions physiques, ainsi que des incidents liés à la lutte contre la radicalisation et le séparatisme.
«Ces signalements ont fortement augmenté. L’évolution la plus marquante concerne le harcèlement moral, qui a augmenté de 301,7% en un an. Il convient de noter que sur les 237 incidents de harcèlement moral signalés, 151 ont eu lieu dans l’enceinte d’un collège ou d’un lycée», souligne le CCIE, qui ajoute que «conformément à une tendance majeure de l’islamophobie depuis les premiers constats du phénomène, la grande majorité de ces actes concernaient des femmes».
«La majorité des actes islamophobes ont eu lieu dans des lieux publics», indique encore le CCIE, qui constate que «le racisme antimigrants et l’islamophobie se croisent dans plusieurs pays européens». «La tendance à la criminalisation des migrants et des associations qui cherchent à les soutenir continue de se confirmer en 2023. Cette criminalisation de la solidarité se traduit par le renforcement des contrôles sur les personnes aidant les migrants, notamment par le biais d’opérations de recherche et de sauvetage, d’activités d’accueil et de fourniture de services, de nourriture et d’hébergement», fait-on remarquer. «Elle s’exprime également par la relative impunité dont jouissent ceux qui s’en prennent aux associations luttant pour les droits des migrants», ajoute le CCIE.
«Les musulmans d’Europe sont régulièrement pointés du doigt dans le débat public européen comme les principaux auteurs de l’antisémitisme sur le continent», notre le CCIE, qui précise que «cette accusation est confirmée par leur soutien affiché au peuple palestinien et leur condamnation du génocide perpétré par l’Etat d’Israël à Gaza». «Cette stigmatisation des musulmans par la dénonciation de l’antisémitisme offre une opportunité à l’extrême-droite européenne pour redorer son image en tentant de faire oublier son passé – et son présent – antisémite, tout en renforçant sa haine des musulmans», note le CCIE, pour lequel «l’appropriation par l’extrême-droite de la lutte contre l’antisémitisme prend systématiquement une tournure explicitement islamophobe».
«Un langage génocidaire est régulièrement utilisé contre les musulmans», s’inquiète le Collectif de lutte contre l’islamophobie en Europe, dans son rapport parvenu à notre rédaction.
